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Le blog de Jean-Marie Alfroy

Un admirateur de Jules Laforgue

4 Juin 2017 , Rédigé par Jean-Marie Alfroy

coll.personnelle

Ce jeune homme de 16 ans qui se prend pour James Dean, c'est moi... il y a longtemps ! Mon aspect physique a bien changé  -hélas - mais "de l'intérieur" je crois être le même : rebelle, solitaire, indépendant.

Pas très bon élève de seconde, je lisais pourtant les poètes ; ceux du moins auxquels je pouvais avoir accès ; j'ai eu ma période Musset, ma période Baudelaire. Mallarmé, Rimbaud sont venus beaucoup plus tard. Au tournant de l'année 1958, mon préféré a été Jules Laforgue. Moins intimidant que Baudelaire, classé (par qui?) parmi les poètes mineurs, il me semblait plus proche de ma sensibilité : un révolté sans cause qui prend des allures nonchalantes, un homme qui ne prend pas trop au sérieux les gens trop sérieux, justement, et qui ne se prend pas lui-même très au sérieux. Un désespéré qui fait le clown.  

Laforgue était pour moi le premier à oser la dérision, soulignée par l'emploi des élisions propres à la chanson populaire. J'avais vu - et surtout entendu - Jean-Marc Tennberg dire à la télé la "Complainte du petit hypertrophique" ; ça m'avait bouleversé. J'étais devenu laforguien. Inconditionnellement.

Ce que j'aimais - ce que j'aime encore aujourd'hui - dans cette oeuvre poétique si considérable pour un homme mort à 27 ans, c'est son questionnement philosophique permanent, mais presque caché derrière une apparence de badinage. C'est sans doute pour cela que Laforgue n'est plus à la mode (qui s'en réclame?), car il n'est guère de bon ton d'afficher trop de désinvolture sur une scène poétique très guindée, pour ne pas dire compassée, ni d'exprimer trop directement des préoccupations morales ou philosophiques, alors que la plupart des poètes revendiquent l'autonomie d'un langage qui n'aurait d'autre justification que lui-même. Force m'est de constater que je suis, en ce domaine comme en d'autres, très décalé.

Pour ceux qui voudraient découvrir Jules Laforgue, je ne saurais faire mieux que recommander la lecture d'un ouvrage déjà ancien, paru dans la collection " Poètes d'aujourd'hui " de chez Seghers et signé Marie-Jeanne Durry, une universitaire qui fut également poète. On peut y lire une analyse remarquable de l'oeuvre de Laforgue, suivie d'une anthologie judicieusement composée.

Alors, bonne rencontre - ou retrouvailles - avec Laforgue !

                                                                                                        Le 1er juin 2017.

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